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mercredi 18 novembre 2015

L’Alpha, l’Omega et… le Beta !

            Quand le processus d’écriture est encore tout beau et tout neuf, on peut avoir l’impression qu’on écrit très bien et qu’on a qu’à faire une vérification de l’orthographe avant d’envoyer notre bébé littéraire à un comité de lecture. Évidemment, dans notre tête, ledit comité ne peut qu’être flabergasté par le talent qu’on démontre, même si c’est la première fois qu’on écrit une nouvelle et que celle-ci fait à peu près 1500 mots (essayez pas les romanciers, c’est aussi vrai, sinon pire, pour vous bon !) Si vous êtes chanceux, vous tombez sur un éditeur particulièrement patient, gentil et généreux de son temps qui va vous prendre en pitié et vous expliquer gentiment pourquoi votre texte ne sera jamais publiable en l’état. Ou que le temps consacré à la direction littéraire de votre texte serait employé de manière plus productive à regarder pousser des champignons. Dans la très grande majorité des cas, vous allez simplement enchaîner refus par-dessus refus, jusqu’à ce que vous en veniez à remettre votre talent littéraire en doute et finissiez commis chez Dollorama (je n’ai absolument rien contre les employés de cette compagnie, et si vous en connaissez qui ont une belle plume, saluez-les de ma part !)

            Bref, pour reprendre l’image de notre tyrannique sympathique animatrice d’atelier, votre premier jet est l’équivalent de vos bobettes sales. Dans l’idéal, vous essayez de les garder pour vous ! Pourtant… il faut bien vous relire pour être en mesure de faire une réécriture efficace de votre texte. (Pssst ! J’ai abordé la question de la réécriture dans le billet précédent !) Le problème avec cette activité en solo, c’est que, comme tous les auteurs, vous avez des « angles-morts » (bon, une autre formule empruntée à un collègue écrivain ! Va falloir que je mette des crédits sur mon blogue dans pas long…), soit des tics d’écriture que vous êtes incapables de repérer, malgré votre bonne volonté.

            Je vous entends déjà vous exclamer « MAIS QUE FAIRE ? » dans votre plus belle imitation de Marc Labrèche dans n’importe quel rôle de Le cœur a ses raisons. Eh bien, la solution est (relativement) simple. Il vous faut un (ou plusieurs, si vous produisez beaucoup ou que vous êtes vraiment insécure/gourmand, ce qui est mon cas pour les trois options en fait) beta-lecteur. Et là, sachez tout de suite que ledit lecteur n’a rien à voir avec le joli poisson tropical qui se nomme également « beta ». Que nenni ! Le beta-lecteur est l’équivalent du testeur de jeu vidéo (vous savez, ce cousin geek qui gagne sa vie à jouer à des jeux vidéos impossible à compléter mais qu’il termine en deux jours, le tout sans dormir/aller aux toilettes/se laver ?)

Tout comme dans le domaine du jeu vidéo, le beta-lecteur est celui qui détecte les bugs dans votre texte et qui vous aide à les corriger. Et un bon beta-lecteur doit être intransigeant, impitoyable, cruel et aimer les épinards. En fait, il doit être capable de vous faire pleurer une fois sur deux, au plus trois, en commentant votre texte. Pourquoi ? Parce que vaut mieux que ce soit lui (ou elle) qui trouve les bébittes de votre texte qu’un éditeur/rédacteur en chef qui s’en servira pour justifier un refus. Et si vous demandez à votre matante qui a tout lu Michal Connelly, eh bien… c’est clair qu’elle va vous trouver bon ! Pas à cause de ses lectures, mais parce qu’elle VEUT que vous réussissiez et que vous soyez bons ! Donc, le/la beta-lecteur(trice) idéal(e) ne sera pas quelqu’un de votre famille et, si vous êtes vraiment chanceux, il/elle aura déjà publié à quelques reprises.

            Je vous préviens, vous aller développer une relation amour-haine avec votre beta-lecteur, et c’est normal ! L’important, c’est que cette personne vous aide à améliorer votre pratique d’écriture. Pour le reste, marchez sur votre orgueil où faites-vous autopublier sur une imprimante dans votre sous-sol ! C’est plate, mais vous n’êtes probablement pas le prochain Michel Tremblay/Dan Brown/E. L. James (quoique pour cette dernière… nope, je m’arrête là !) La prochaine fois, on parle d’un sujet un peu plus joyeux, promis !

N. B. Ce billet n’a pas été lu par aucun beta-lecteur. Toute niaiserie écrite ici est donc totalement de mon cru. Les fautes et erreurs factuelles aussi d’ailleurs.

5 commentaires:

  1. Moi j'ai trouvé une façon de bien vivre ma relation avec mon beta-lecteur : aucun commentaire de vive voix, tout à l'écrit. Je ne peux expliquer pourquoi mais quand on me montre les défauts de mon texte à voix haute, j'ai tendance à me braquer. Alors qu'on peut être impitoyable dans les notes sur le manuscrit et je vais pas mal tout prendre du bon côté...

    Mais bon, ça a l'air que ça se soigne!

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  2. Meuh non, on développe pas une relation d'amour-haine avec ses beta-lecteurs! J'suis mariée au mien! ;) Mais bon, après des années d'arts martiaux, on s'habitue à des commentaires du genre PFPTC (Pas Fort Pis Tout Croche... tsé quand t'es rendu à en faire un acronyme...) L'avantage des bons beta-lecteurs, c'est qu'un moment donné (après avoir suffisamment braillé) on peut se dire : ok, si ça passe avec lui, ça va être accepté n'importe où!

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  3. Lolol Je ne peux retenir un élan de culpabilité en lisant ce billet, P-A... ;)

    Intransigeante, impitoyable, cruelle? Ah, tiens, je réunis toutes les qualités d'une bonne beta-lectrice, yes! (lolol)

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  4. @Pierre-Luc : Intéressant! En fait, je n'ai jamais vraiment eu l'occasion d'échanger de vive voix avec mes beta-lecteurs. Tout se passe par écrit. Quoique ce n'est pas tout à fait exact, parce que récemment, j'ai pu jaser d'une nouvelle qui me donnait du fil à retordre avec un beta-lecteur qui la lit pour moi. Et c'est cette discussion qui m'a permis de débloquer la nouvelle et de comprendre pourquoi ça ne fonctionnait pas à mon goût.

    Je te proposerais bien d'en discuter durant le Salon du livre, mais je pense qu'on fera plutôt ça par courriel! ;)

    @Gen : Ouais ben t'es un peu l'exception dans ce domaine! :p Et il y a un acronyme officiel pour ça? Eh boy! J'ai vraiment plus de choses à apprendre que je pensais! lol! Sinon, je suis tout à fait d'accord avec toi au sujet des bon beta-lecteurs. Et je suis particulièrement choyé! Et j'apprends à contrôles mes émotions, donc je passe moins de temps à pleurer et plus de temps à retravailler selon leurs commentaires! Re-lol!

    @Isa : Bon, bon, bon! Moi qui ne voulais pas donner de nom pour respecter votre anonymat! :p Si tu y tiens, je confirme les deux premières « qualités ». Pour la troisième, disons que c'est le sentiment qui vient avec toute beta-lecture réussie! lol! Mais oui, tu es une excellente beta-lectrice, bon! :p

    Et tu n'as pas à culpabiliser. C'est en grande partie grâce à toi si je progresse aussi rapidement dans ma pratique d'écriture. Et je vais me répéter, mais si je voulais être cajolé, je ne t'aurais clairement pas demandé d'être ma beta-lectrice! lololol!

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  5. @PA : L'acronyme vient des arts martiaux. Il arrive quand même plus souvent qu'on donne un coup de poing PFPTC que l'on fasse un paragraphe qui mérite le même qualificatif.

    Mais la première fois que Vincent m'a écrit "PFPTC" à côté d'un passage de texte, je l'ai ri jaune! ;)

    Cela dit, avec le temps et les publications, j'ai appris à me détacher un peu de mes textes, ce qui aide les émotions à se calmer.

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